RAPPORT D’EVALUATION DE LA MAISON ROBINSON

ASSOCIATION INTERMEDES DE LONGJUMEAU

AFRESC

SYNTHESE, JUIN 2002

 

 

 

Introduction

 

L’association Intermèdes, par la voix de son président, M. Laurent OTT, a chargé l’AFRESC (association pour l’Action, la Formation et la Recherche en Santé Communautaire) de réaliser une évaluation de la Maison Robinson, structure gérée par l’association Intermèdes.

 

Nous avons compris qu’il s’agissait d’une demande particulière et exceptionnelle : exceptionnelle car une « petite » institution associative voulait se payer pour elle même une évaluation, et particulière car il s’agissait d’analyser des pratiques pour en donner une conceptualisation.

 

L’AFRESC existe depuis 1987. Nous travaillons beaucoup avec les institutions publiques, et en particulier ceux qui sont les partenaires et financeurs de l’association Intermèdes (la CAF, les conseils généraux, dont celui de l’Essonne, les DDASS, DRASS et préfectures, les mairies, les mutuelles et les CPAM).

 

L’évaluation que nous rendons est donc un travail d’experts indépendants tant des commanditaires que des partenaires financiers. Les analyses que nous faisons sont issues de nos observations et entretiens et n’engagent que nous. Nous avons travaillé en toute indépendance et considérons que nos conclusions sont fondées en droit comme en contenu.

 

Trois membres de l’équipe AFRESC ont réalisé cette évaluation : Martine FAYOT, spécialiste de l’évaluation des politiques de développement social local, Sébastien LODEIRO, sociologue et Michel BASS, médecin de santé publique et sociologue.

 

I- Méthodologie de l’évaluation de la Maison Robinson

Les principes de l’AFRESC en matière d’évaluation :

 

Pour l’AFRESC, évaluer c’est offrir un espace-temps, en rupture avec la pratique du quotidien, consacré à la réflexion sur les choix, les pratiques qui fondent l’action, avec toutes les parties concernées afin de tenter de redéfinir clairement les objectifs de l’opération.

 

Les principes d’une telle évaluation imposent que :

 

Ø      L’évaluateur externe n’impose ni sa méthode ni ses conceptions de l’action mais propose ses méthodes et conceptions comme analyseurs dans une démarche collective (ce que nous appelons à l’AFRESC une démarche de polarisation, car si les acteurs sont polarisés, le courant passe, l’énergie circule…).

Ø      Le débat collectif sur des requis minimum que les acteurs souhaitent voir atteints dans l’action menée.

Ø      Une approche des réseaux basée sur la sociologie du M.A.U.S.S et donc d’une socio-anthropologie du don, anti-utilitariste. En particulier, il s’agit d’analyser finement, dans un fonctionnement associatif, ce qui relève du lien primaire, de la sociabilité, de la réciprocité « médiate », et du sens et des effets que cela produit sur les acteurs, à commencer par les enfants : être pris dans un système de liberté-contrainte de l’échange, facteur de lien social, produit de la société, du lien, de l’intégration. Notre approche théorique et notre expérience nous permet ce type d’analyse qui, à notre avis est novateur dans le champ de l’évaluation et nous semble particulièrement approprié à la démarche de quartier de la Maison Robinson.

 

Le démarrage de notre étude en novembre 2001 a permis de préciser les attentes des acteurs de la Maison Robinson. Entre les principes et les propositions de l’AFRESC, et les attentes et besoins de la Maison Robinson, dans le cadre de la « démarche générative » que nous proposons, nous avons convenu des objectifs suivants :

 

Ø      Anticiper les demandes institutionnelles d’évaluation, et donc fournir un rapport présentable aux institutions.

Ø      Questionner ce qui se construit de spécifique dans le réseau (en dehors de l’activité, du service par eux mêmes) : lien associatif, lien social (avec les enfants, les familles, les voisins, les institutions s’occupant d’enfants, les habitants, les élus, etc.). En particulier questionner le rapport professionnel / usager, professionnels/ bénévoles, institutions / association, institution / projet communautaire. Ces rapports seront analysés comme des marqueurs de la dimension réseau proprement dite, mais aussi dans ce qu’ils permettent comme construction de réponses originales et innovantes (l’association n’est pas que dans une délégation de service public).

Ø      Analyser les méthodes de l’activité professionnelle, et en particulier les méthodes éducatives.

Ø      Tirer des enseignements pour « faire essaimer » ce type de projet dans d’autres territoires, dans une même démarche d’économie solidaire et de développement local. En particulier, l’analyse prendra en compte l’histoire de ce projet, qui est déjà en lui-même un essaimage d’autre expériences (soutien scolaire associatif auprès d’enfants vivant une exclusion sociale, bibliothèque de rue de ATD Quart Monde, etc.), dans une démarche de capitalisation des savoirs faire. Il s’agit de faire émerger les bases et références conceptuelles, méthodologiques et éthiques de l’activité existante.

Ø      Mieux « sentir ce que l’on vit ».

Ø      Afin de contribuer à mieux penser et présenter l’activité de l’association construire un regard  à 2 niveaux :

-         Le niveau des références et méthodologies professionnelles

-         Le niveau du réseau, des effets réseaux, de l’économie solidaire.

 

La démarche s’appuie sur 3 types d’activité de l’intervenant extérieur

Ø      Des rencontres avec les principaux acteurs, individuellement (23 entretiens), et collectivement (participation à des réunions et des activités de l’association).

Ø      L’analyse des documents existant concernant l’histoire, la démarche, les références et les activités.

Ø      Une démarche de réflexion collective (membres du réseau : bénévoles, professionnels, parents, enfants) à partir de l’analyse faite par l’AFRESC dans une méthodologie de recherche-action.

 

II- La Maison Robinson, un mode d’action singulier

 

En arrivant à la Maison Robinson la première fois, nous n’avions pas idée de ce que nous allions rencontrer. Nous avions tenté de prendre quelques renseignements. Ainsi, à la cellule d’appui technique des REAP (réseaux d’appui à la parentalité), l’association intermèdes était connue. Mais d’emblée une question nous avait été renvoyée : « ils » sont financés par la ligne budgétaire des REAP, « ils » sont de tous les colloques, mais ils ne font pas « vraiment » de travail avec les parents.

Le premier contact semble donner raison à ces remarques : petit appartement, assez encombré, meublé comme un appartement d’une famille, avec une chambre (et un lit), une salle à manger avec une table au milieu, un ordinateur avec des enfants qui veulent jouer à des jeux vidéo.

D’emblée nous avons posé la question des parents. La réponse est claire : on rentre en contact avec les parents par l’intermédiaire des enfants. Petit à petit les parents s’investissent dans les activités et la structure.

 

Pour connaître et comprendre la Maison Robinson, il faut y passer du temps, s’immerger. Les apparences ne laissent pas présager le travail en profondeur réalisé par la Maison Robinson dans le quartier, avec les familles, les enfants et les parents. Des « jugements » hâtifs peuvent être formulés.

Il ne suffit pas de « venir voir ce qui se passe ». Il faut faire l’effort « empathique » de comprendre. L’action menée ne se laisse pas décrire dans des cadres normés. Cela peut laisser un sentiment de doute et de suspicion pour les partenaires, qui peuvent ne pas apercevoir clairement dans ce qui se donne à voir l’intérêt de l’action, son impact.

1- La Maison Robinson vue par des parents

 

Les liens que les parents ont noué avec la Maison Robinson se font le plus souvent à l’initiative des enfants, puis ils se développent à travers une histoire personnelle. Chacun a bénéficié d’une aide qui va au-delà du simple accueil des enfants. Les familles souvent confrontées à de graves difficultés (maladie, solitude face à l’éducation des enfants…) ont trouvé en ce lieu une écoute, et des gens ayant une réelle volonté de faire, de s’investir afin d’accompagner les gens en situation difficile.

Par cette rencontre, ce passage dans l’histoire personnelle des familles laisse une marque indélébile et donne une grande force à la relation qui lie ces parents à la Maison Robinson.

Il n’y a pas de suspicion de contrôle social.

La confiance dont nous ont fait part les personnes interrogées est  née du rôle que la Maison Robinson a joué dans leur histoire personnelle.

Les parents ne vivent pas non plus  les «  éducateurs » comme des concurrents éducatifs mais comme des soutiens , des relais … prolongeant leur rôle de parent.

 

La Maison Robinson est perçue par les parents comme un lieu convivial et familial dans lequel les enfants sont en sécurité. La possibilité de laisser ses enfants en cas d’urgence, la flexibilité des horaires, et la disponibilité des animateurs permet aux familles qui n’ont pas les moyens, de faire face aux imprévus.  Il s’agit d’une structure ouverte dans tous les sens du terme, les horaires sont souples, parents et enfants peuvent participer aux [et créer des] activités aussi bien dans la rue que dans l’appartement (selon les places disponibles).

 

Le jeu et l’apprentissage de la cuisine, de l’informatique sont des possibilités offertes aux enfants mais ce sont eux qui choisissent leurs activités. Non seulement le choix leur est
toujours laissé mais ils sont invités à exprimer leurs idées, à les mener à bien afin de ne pas développer un comportement de simple consommateur de service. Ils sont autorisés à entreprendre [pédagogie], il s’agit d’une pédagogie active dans laquelle tout est négociable jusqu’à une certaine limite bien sûr. C’est l’énergie des enfants qui alimente la vie de la Maison Robinson, les éducateurs étant là pour l’accompagner et l’encourager. Ils offrent un cadre structurant mais l’enfant est à l’initiative de ce qui se passe.

La Maison Robinson permet aux enfants de « sortir des murs », elle redonne souvent confiance à des parents méfiants qui envisagent l’extérieur comme un monde hostile dont ils doivent se protéger. Ainsi, les enfants ne « traînent plus dehors », « ils sont à la Maison Robinson » même s’ils sont effectivement dans la rue. La rue est réinvestie par la famille, les enfants jouent dehors sous l’œil d’adultes attentifs.

 

2- La Maison Robinson vue par les voisins et une commerçante des Arcades

 

Les habitants du quartier que nous avons interrogés n’utilisent pas les services de la Maison Robinson, ils entretiennent avec eux des relations de voisinage plus ou moins favorables sans avoir une connaissance précise de leur travail.

La plupart des personnes interrogées ont perçu des changements dans le quartier avec l’action menée par la Maison Robinson. Les enfants se sont calmés, ils sont désormais accompagnés d’adultes qui inspirent confiance, fixent des limites raisonnables. Le fait que les éducateurs ne soient pas du quartier est aussi vu comme une bonne chose car cela leur confère une autorité auprès des enfants. Les adultes référents peuvent ainsi enseigner les limites du bien et du mal sans que l’on puisse leur reprocher un écart de conduite passé que tout le monde pourrait connaître s’ils étaient du quartier, ce qui parasiterait sans doute le sens de leur travail.

Les enfants de la Maison Robinson sont aussi perçus comme des mauvaises fréquentations, puisque leurs parents sont soupçonnés de ne pas avoir d’argent et de ne pas s’occuper d’eux, d’où la réticence de certaines familles à y envoyer leurs propres enfants.

Certains voisins de la Maison Robinson à la villa Saint-Martin se plaignent du bruit et de la gêne occasionnée par la présence de groupes d’enfants sous leurs fenêtres. Ils vivent la présence de la Maison Robinson comme un désagrément à leur confort de vie.

 

3- La Maison Robinson vue par les professionnels de l’éducation nationale

 

Les professionnels des écoles disent avoir de bonnes relations avec la Maison Robinson. Ils la connaissent le plus souvent par les enfants de leur école qui la fréquentent. Ils jouent aussi un rôle de relais car il leur arrive d’orienter les enfants vers la Maison Robinson, tout en laissant l’enfant faire la démarche ; c’est à lui d’y aller tout seul.

 

Ils soulignent l’importance d’une pédagogie qui laisse la liberté de recherche à l’enfant telle qu’elle existe à la maison Robinson et l’importance de soulager les plus grands en prenant en charge une part de l’éducation des petits. Cette gestion de la fratrie s’inscrit habilement dans le lignage, dans ce qui fait sens pour les enfants, c’est à dire dans la continuité d’une généalogie afin de préserver comme référence la structure familiale.

Nous avons entendu aussi un autre point de vue qui n’accorde pas un poids aussi important à la Maison Robinson, réduisant son rôle à celui d’une garderie gratuite, remettant en cause la réalité d’un besoin éducatif spécial sur le quartier.

 

4- La Maison Robinson vue par  les professionnels, des associations et des  élus.

 

Les personnes que nous avons rencontrées dans le milieu associatif de la ville semblent connaître assez bien la Maison Robinson pour avoir travaillé avec lors de diverses opérations ponctuelles. Ces liens se sont donc établis avec le souhait de travailler en partenariat.

Les professionnels, les associations soulignent la volonté de l’équipe de la Maison Robinson de travailler en collaboration avec les autres partenaires de terrain : la Maison Robinson jouerait ainsi aussi un rôle de « liant » social entre partenaires.

 

Le rôle de la Maison Robinson est perçu comme complémentaire du service public, l’équipe jouant souvent le médiateur entre la population et les institutions (justice, école…). Mais il est aussi radicalement différent du service public puisque la Maison Robinson ne se situe pas dans le contrôle social. C’est cette position hors du discours et des pratiques institutionnelles qui change « du tout au tout les rapports avec les familles ».

Les points forts que les partenaires associatifs reconnaissent à la Maison Robinson sont une grande capacité d’imagination ainsi qu’une grande motivation. Leur faiblesse est envisagée au niveau de la fragilité économique, d’un manque de moyen et du peu de reconnaissance de la part de la mairie.

III- Analyse

1- Du point de vue général

 

Les horaires et jours d’ouverture sont atypiques. La Maison Robinson est accessible aux parents comme aux enfants tous les jours sauf le lundi, souvent jusqu’au soir (21 h). Dans d’autres études que nous avons mené sur la petite enfance, à propos des modes d’accueil des jeunes enfants par exemple, ressort très souvent cette question : en dehors de l’école et du périscolaire subsistent des plages de temps pour lesquelles les enfants peuvent être laissés à eux-mêmes. Pour les plus petits, les parents trouvent des moyens de fortune, ils se débrouillent.

A côté de cela, l’absence des parents est souvent jugée : les parents seraient démissionnaires. Peut-on le dire de parents qui ont des horaires de travail difficiles, des temps de transport importants ? Peut-on le dire d’une maman vivant seule avec 4 enfants ? Peut-on seulement le dire ? Que des parents soient dépassés par la difficulté de jongler entre les contraintes familiales et les contraintes de travail est facilement acceptable.

 

A la Maison Robinson, on refuse l’idée de parents démissionnaires ou de parents incapables. Dans la plupart des cas, un coup de pouce ou un accompagnement suffit.

 

La Maison Robinson créé un espace à la double originalité :

Ø      Etre un espace fermé (un appartement), définissant un lieu, des temps, des règles, une sécurité. Bref un contenant « physique ».

Ø      Etre un espace ouvert : la rue est investie et devient un endroit plus sûr pour les enfants. Mais c’est également un espace ouvert du fait de la liberté d’aller et venir : pas de demande particulière à faire, pas d’inscription, gratuité, liberté.

Ainsi, l’espace des enfants est agrandi, ouvert, en même temps que contenu.

 

Il existe une réelle dimension préventive

Cette capacité à protéger l’enfant « du dehors », à définir un cadre non contraignant, à définir l’espace de la rue comme un espace constructeur parce qu’accompagné est une spécificité de la Maison Robinson. La présence presque permanente en détermine le caractère préventif. La socialité est réinvestie dans son territoire et pas seulement dans l’institution. Le quartier, les habitations, l’appartement de la Maison Robinson, la rue sont autant de lieux où l’action de la Maison Robinson permet de penser l’éducation et la socialisation des enfants sans solution de continuité.

2- Cohérence, respect, parole, confiance

 

« A la Maison Robinson, il n’y a qu’une seule parole ».

Cette parole est celle du respect, de la confiance envers les enfants et leurs familles.

 

Dans d’autres cadres, des règles sont énoncées par des adultes pour des enfants. Les adultes ne respectent pas les règles pour eux-mêmes (par exemple l’interdiction de fumer). Mais ils sont capables de punir des enfants pour des comportements analogues.

Il nous a semblé que la parole, les discours des adultes de la Maison Robinson étaient en adéquation avec leurs actes. Autrement dit, les règles sont des règles de vie commune. Elles permettent de se positionner, d’agir et de réagir plutôt qu’elles ne cherchent à sanctionner.

 

Nous croyons que cette confiance qui s’est créée relève d’une attitude vraie, volontariste des éducateurs. Il s’agit d’être ouvert, à l’écoute, tolérant, sans lâcher sur les principes structurants. Les principes sont exposés. On s’aperçoit que  les enfants les comprennent très bien. La confiance vient d’une attitude et d’une parole cohérentes.

Mais cette notion de confiance, comme la question que nous traiterons plus loin de la gratuité, et de l’espace met à nu une problématique plus institutionnelle : la responsabilité des animateurs. Liberté de circulation, d’aller et venir, intervention dans l’espace public : quand commence et quand finit l’action professionnelle ? Un accident survenant dans la rue à un moment d’activité de la Maison Robinson peut-il être imputé à un animateur ?

 

3- Un approche non utilitaire

 

La Maison Robinson est une structure proposant aux enfants et à leur famille une « offre » très particulière : une présence, un espace, une disponibilité. Elle ne propose pas vraiment de service ou d’activités qui seraient conçus en réponse à des besoins ou des problèmes particuliers repérés dans telle ou telle population.

 

La contrepartie, ou plus exactement le pendant de cette « gratuité », est la possibilité que chaque enfant, chaque parent vienne non pas en usager, en consommateur, mais en donateur. Contrairement à la philosophie du service, la Maison Robinson passe ainsi de la position de donateur (offreur de service) à la position de donataire (la Maison Robinson reçoit de la part des utilisateurs).

 

Cette approche anti-utilitariste repose sur les principes suivants :

 

Ø      Pas de service « clés en mains ».

Ø      Faible distance professionnels / utilisateurs.

Ø      Rapports utilisateurs / professionnels (qui vont bien au delà de leur activité salariée : ils donnent beaucoup) basés sur la coopération et la confiance.

Ø      Possibilité du contre-don.

Ø      Développement et valorisation des liens.

Ø      Réciprocité.

 

Elle peut être qualifiée de développement communautaire, reposant sur l’idée du développement local et de l’approche communautaire. Elle contribue à renforcer l’identité et la dignité des enfants et de leur famille. La démarche de la Maison Robinson nous semble pertinente : prévenir et traiter la violence des relations par la reconstruction d’une identité.

 

4- Un modèle pédagogique affirmé et cohérent

 

La Maison Robinson permet à tout enfant de mener à bien son projet. L’enfant y trouve une « autorisation d’entreprendre » et un accompagnement constamment positif à ses projets. Constamment positif, mais également organisé. L’adulte accompagne, balise le chemin. Il permet à l’enfant de suivre son propre chemin, mais propose également des buts à atteindre plus difficiles que ce que l’enfant aurait pensé ou désiré spontanément.

 

Ce qui compte avant tout, c’est cette pédagogie du projet, cette approche mettant les enfants en recherche pour eux-mêmes.

On voit également que « tout n’est pas donné ». Les adultes mettent les enfants sur le chemin de leur propre apprentissage, mais c’est aux enfants de chercher les savoirs et savoirs faire nécessaires à la réalisation de leur projet. En ce sens, les enfants sont placés dans une démarche active « d’apprenant ». Le travail de groupe permet aux enfants de « se dépasser ». Ils réalisent en groupe des choses qu’ils ne sauraient faire seuls. Cela leur donne de l’assurance, de la compétence. Cela les transforme probablement en profondeur sur leur capacité et leur motivation à apprendre.

 

La pédagogie que nous avons identifiée à la Maison Robinson est la pédagogie du « chercher pour entreprendre ».[1]

 

Mais ce n’est pas tout.

 

La pédagogie « revendiquée » par la Maison Robinson est la pédagogie institutionnelle (Freinet, Oury).

 

Initialement, la pédagogie institutionnelle était celle qui permet aux enfants de décrypter, d’intervenir dans le processus institutionnel de leur propre apprentissage.

A la réflexion, il est apparu comme une sorte de gageure de parler de pédagogie institutionnelle dans un espace finalement aussi peu institué que la Maison Robinson. Il n’y a pas de milieu « clos », de « public captif », de groupe stable d’enfants. L’institution elle-même est en interrogation continue.

Cependant, nous avons pu repérer en quoi et comment certaines activités et manières de faire relevaient de ce courant de pensée pédagogique.

 

 

5- Essai de définition du « public » de la Maison Robinson

 

Selon les textes de la Maison Robinson, 130 enfants répartis dans l’ensemble du quartier sont connus depuis le début et « fidélisés ».  Un accent est mis pour contacter les familles les plus en difficulté (conditions de vie précaire, familles réduites et isolées), et notamment :

Ø      D’enfants en difficulté scolaire issue de famille nombreuse confrontés à des difficultés d’insertion d’adolescents plus âgés.

Ø      D’enfants isolés avec un parent seul connaissant une situation de chômage, de dépendance chez un tiers, ou des problèmes de santé invalidants.

Ø      D’enfants issus de milieux culturellement et économiquement très défavorisés.

Ø      D’enfants vivant majoritairement dans des milieux très clos et très repliés, ne bénéficiant pas des structures d’animation et de loisir pourtant proches.

Ø      D’enfants chargés largement de la garde de frères et sœurs plus jeunes.

Ø      De certains enfants connaissant des situations d’exclusion ou d’échec parfois très préoccupantes, etc.

 

La question qui demeurait pour nous était ainsi de mieux cerner la nature et l’importance des problématiques d’enfants dans le quartier et de mieux savoir si la Maison Robinson construit une réponse effective à ces enfants.

 

La Maison Robinson est ouverte à tous les enfants. Si ceux qui sont livrés à eux-mêmes viennent, alors tant mieux. Il n’y a pas de ciblage précis, puisque le principe de l ‘accueil en milieu ouvert est de développer l’accès à tous. Ce sont les enfants qui viennent chercher la Maison Robinson. Tout part de leur propre initiative.

 

La Maison Robinson travaille sur la prévention, la revalorisation, et la promotion de la vie en groupe. Elle n’est pas là pour régler des problèmes mais pour créer des styles de vie, de relations dans le quartier. En ce sens, la démarche de la Maison Robinson auprès des enfants, et dans le quartier a un objectif et un impact potentiellement préventif.

 

Nous estimons que l’ouverture, l’accessibilité, le changement de style de vie et de relation, l’engagement des enfants et des familles engendrés par la méthodologie du projet de la Maison Robinson contribuent à créer des conditions dans le quartier susceptibles de diminuer l’ampleur et l’intensité des éventuels problèmes sans avoir besoin pour autant de cibler des problèmes à résoudre. C’est pourquoi il ne nous semble pas si justifié de toujours vouloir prouver que l’on « s’occupe des bonnes personnes », celles qui auraient des problèmes et pour lesquelles il y a du financement. Par sa démarche pédagogique particulière, la Maison Robinson évite la focalisation sur les problèmes et la stigmatisation. Elle permet aux familles de développer leurs ressources.

6- Parentalité : le respect de l’autorité parentale et de la généalogie

 

Le respect de la généalogie

Les enfants peuvent venir librement à la Maison Robinson. Mais l’institution Maison Robinson exige des enfants qu’ils informent et demandent l’autorisation à leurs parents. C’est même un mode d’entrée en relation avec les adultes du quartier.

 

De même, il existe un projet d’accueil temporaire de nuit. Ce projet a pour finalité de proposer aux parents, aux familles qui sont au bord de la rupture une ressource simple, libre et de proximité : l’enfant irait dormir à la Maison Robinson. L’éloignement temporaire (et non la rupture) voulue par les parents et par les enfants constitue un moyen de faire baisser la pression, de soustraire l’enfant à un climat d’éventuelle violence sans casser les liens.

 

En effet, c’est d’un lien fort que l’enfant a besoin. Or le lien le plus fort, le plus définitif et indélébile, c’est le lien généalogique, le lignage. C’est toujours quand l’autorité parentale est bafouée, détournée ou niée que les problèmes les plus sérieux surviennent avec les gens. 

 

La Maison Robinson nous semble opérer une rupture par rapport à cette théorie univoque de « l’intérêt de l’enfant », de la nécessaire séparation en cas de crise. Il s’agit de préserver au maximum ces liens, de privilégier l’inscription dans la généalogie. La Maison Robinson contribue à construire ou valoriser des ressources locales à même de proposer des solutions temporaires, locales, et dans lesquelles les parents restent les maîtres du jeu.

L’objectif de la Maison Robinson est atteint lorsque le modèle de la famille élargie fonctionne. La Maison Robinson offre un espace d’accueil bienveillant et un temps de latence entre les situations de violence plus ou moins importantes vécues et la mise en place de solutions appropriées. Ce temps permet aux gens de se réapproprier le sens de ce qui leur arrive et leur laisse le choix d’être maître de leur propre vie.

 

La notion d’autorité et le respect de l’autorité parentale

 

L’agencement de la Maison Robinson comme un appartement, les modes de relation adultes enfants rappellent la maison, la structure familiale. Sans jamais se substituer aux parents, les manières d’agir rappellent aux enfants la famille.

L’organisation interne, l’agencement des pièces de l’appartement et leur fonction propre apparaissent très intéressants et probablement en relation avec la « représentation » et le symbolisme  parental pour chaque enfant.

 

« A la Maison Robinson, on joue avec les enfants et ils ne trichent plus ».

L’approche de la Maison Robinson nous conduit à repenser la notion d’autorité. Nous ne pensons pas que les enfants aient simplement « appris à respecter des règles », et encore moins qu’ils aient « calculé la meilleure stratégie » pour obtenir ce qu’ils veulent. D’ailleurs, ils acceptent facilement les refus. Pour bâtir ce respect, pour construire cette autorité, il n’y a pas de règlement intérieur affiché avec son cortège d’interdits.

 

Maria Maïlat[2] demandait s’il y avait « une équipe qui met en place des outils pour apprendre à l’enfant la façon dont les professionnels expriment leur respect à l’égard des parents » [3].  La Maison Robinson n’existerait pas sans la créativité des enfants et des parents, même s’ « il faut souvent aller chercher les parents ». La réciprocité, fondement du fonctionnement de la Maison Robinson,  confère la légitimité aux parents et exprime le respect.

La possibilité concrète pour les enfants et les parents de créer en fait des auteurs, car l’auteur est celui qui est libre d’emprunter un chemin nouveau. L’auteur fait autorité. De plus l’enfant ne peut être à la Maison Robinson sans l’autorisation de ses parents. C’est l’enfant qui va la demander à ses parents. L’enfant gagne en autonomie et en autorité par le fait qu’il jouit de la liberté de créer. Mais cette autorité n’existerait pas à la Maison Robinson sans l’autorisation des parents. Ce sont bien les parents qui transmettent cette autorité à leur enfant, autorité qu’ils sont seuls à posséder vis à vis de leur enfant. Sans cette transmission, quelle place pourrait trouver l’enfant ? Par le respect de l’autorité parentale, se construit le respect que les enfants ont pour leurs parents et plus généralement pour l’autorité. L’autorité des adultes de la Maison Robinson réside dans les outils permettant à chaque enfant et à chaque parent d’être auteur, de faire autorité, d’exercer son autorité. En ce sens, cette démarche contribue bien à respecter et restaurer l’autorité parentale. Cette démarche « fait autorité » dans tous les sens du terme.

7- Développement communautaire, relations avec les institutions et économie solidaire : modalités du partenariat.

 

Une certaine tension existe avec les partenaires, du fait des impératifs de financements exigés pour la pérennisation de la Maison Robinson. Cette pérennisation est toujours une question pour les institutions qui exigent leurs propres démarches administratives. Cette tension repose, selon nous, sur des questions de fond (il ne suffit pas de se donner à voir tel que les institutions l’attendent).

 

La Maison Robinson se pense en effet comme une alternative aux grandes institutions sociales. Les risques potentiels d’un rapprochement avec certaines institutions du social sont réels étant donné la mauvaise réputation que ces institutions peuvent avoir auprès d’une partie de la population. Ainsi, travailler trop directement avec certaines institutions pourrait être perçu par la population comme une réelle compromission de la Maison Robinson et discréditer son action.

De plus, la Maison Robinson s’inscrit dans le territoire, c’est à dire que ce partage de conceptions, de valeurs, de compréhension des problématiques du territoire se réalise avec la population. La population est le principal partenaire de la Maison Robinson. Cela signifie que l’impact social de l’action de la Maison Robinson, obtenu par la promotion des liens sociaux et de la sociabilité, est le résultat d’une démarche de développement communautaire plus ou moins endogène. Dans une telle démarche, les relations avec les institutions sont souvent en tension, les institutions ayant des missions et travaillant dans une autre approche de la population, plus distante, et imposant sans cesse de « faire participer » les gens.

 

Il reste que pour avancer dans le partenariat, il faut essayer de partager un même diagnostic. Ce qui suppose d’une part de partager des analyseurs (conceptions, concepts, théories), mais aussi et surtout une analyse concrète de la réalité à partir de ces analyseurs.

 

Développement communautaire et relations avec les institutions : une démarche relevant de l’économie solidaire.

 

La méthodologie d’intervention communautaire est fondamentale pour la Maison Robinson, y compris dans son fonctionnement institutionnel. C’est parce qu’il y a un vrai fonctionnement collégial (coopératif disons-nous) que la Maison Robinson se permet d’être exigeante … et précautionneuse face aux institutions publiques.

 

La Maison Robinson est selon nous dans une position instable : elle a un projet très autonome et innovant, dont la méthodologie est « jalousement » défendue (et probablement à juste titre). Elle revendique donc son autonomie. L’institution Maison Robinson (ou association Intermèdes) a d’ailleurs une grande qualité : c’est une institution vivante, sans cesse en train de créer, se renouveler, s’adapter au terrain. Au bout de 5 ans, rien n’est stabilisé, institué. Le côté instituant est encore le plus actif (et tout cela n’est aucunement une critique).

Ce côté vivant, expérimental, nourrit une suspicion à l’égard de l’institué, c’est à dire, dans un a priori idéologique pas forcément inexact, des institutions publiques.

 

Une des conditions de faisabilité de l’activité de la Maison Robinson est la gratuité. Les enfants, les parents n’ont pas à payer le service rendu, ils donnent en échange de leur temps ou de leur disponibilité, ou autre chose. Autrement dit, la Maison Robinson ne peut attendre en aucune façon de « revenus » monétaires dans des relations marchandes avec les familles. Les « usagers » ne sont ni solvables, ni demandeurs de service. C’est par la gratuité monétaire que l’implication est possible ; et indispensable.

 

Les seules ressources monétaires (bien sûr il y a d’autres ressources non monétaires, fondamentales) proviennent donc des institutions publiques ou assimilés (Fondation de France).

 

La Maison Robinson n’équilibre pas le fameux triangle de l’économie solidaire entre les 3 pôles que sont l’état, le marché et la société civile. La tension état / société civile, institué / instituant, service public / action communautaire est vive.

 

Imaginer une solution à ce dilemme est difficile. Car cela revient à trouver dans les institutions les forces du changement. On en est donc réduit à la stratégie. Trouver dans les institutions des acteurs désireux de soutenir l’expérience instituante. La fragilité réside dans le fait que la relation avec l’institution repose sur de la relation avec une personne déterminée. La Maison Robinson peut-elle construire de l’institutionnel ? Sans changer ses fondements ? Est-il possible d’envisager une plus grande implication institutionnelle des partenaires ? Bricoler des stratégies doit être volontariste de la part de la Maison Robinson. Aller vers, proposer, établir des liens, comprendre les motivations des partenaires, les « lier » d’un manière ou d’une autre. Surtout ne pas « laisser aller », se replier sur son quant à soi.

 

Tensions internes et externes : de l’organisationnel à l’institutionnel

 

Pour tenter d’expliquer ces tensions entre l’instituant et l’institué, il convient d’utiliser le modèle de la bureaucratie proposé par Max Weber : pour ce dernier, la bureaucratie se définit par toute une série de critères dont l’existence de registres écrits, de postes définis en terme de carrière, de décisions prises selon des règles précises, d’une organisation hiérarchisée, etc.

La tendance de beaucoup d’institutions est le modèle bureaucratique. Il faut des documents types, des contenus d’information standardisés, des fiches de poste, des missions, un organigramme, etc. Cette tendance bureaucratique est une forme d’organisation dont la finalité explicite est l’efficacité, le contrôle, la maîtrise, et la finalité implicite l’auto reproduction et la pérennité. Toute institution qui grandit a cette tendance. Parallèlement à cette tendance diminue progressivement l’innovation et l’adaptation aux changements externes (que l’on peut même refuser de voir). Les institutions font pression sur les groupes instituant pour qu’ils adoptent ce même modèle éprouvé. Plus les groupes s’institueront et se bureaucratiseront et plus ils seront compréhensibles pour l’institution. Réciproquement, plus la bureaucratisation progresse et moins l’expérience vécue s’enrichit.

 

La demande faite par les institutions partenaires de la Maison Robinson d’avoir des documents montrant l’activité et l’organisation d’une manière claire relève à notre sens de cette tendance à la bureaucratisation. Comment y répondre en gardant la souplesse de la dynamique du projet ? Et en assurant le financement ?

 

Trois directions ont été envisagées, sachant que les institutions financeuses ne désirent pas se cantonner à un rôle d’instructeur de demandes de subventions, mais développer un réel partenariat :

Ø      Faire entrer comme membres de droit dans le CA les représentants des principaux partenaires.

Ø      Proposer aux services publics une collaboration permettant aux membres d’Intermèdes d’être des ressources pour le service public, ou réciproquement.

Ø      Accepter d’essaimer et de fonder d’autres Maison Robinson dans d’autres territoires à la demande des institutions.

 

Nous pensons pour notre part qu’il faudrait travailler à 2 idées conjointes :

Ø      Des conventions pluriannuelles d’objectifs, rendues possibles dans la loi de modernisation sociale de 2002.

Ø      Des conventions pluriannuelles d’objectifs pluripartenaires : tous les principaux partenaires de la Maison Robinson (CAF, CG, DDASS, CR, etc.) définissent avec Intermèdes une convention commune dans laquelle chacun des partenaires s’engage.

 

Une telle convention d’objectifs suppose que soient définis des critères d’évaluation des objectifs.

Cela permettrait d’éviter de juger l’organisation (et donc de suspecter l’utilisation des moyens) avant de juger l’atteinte des objectifs, la pertinence et la cohérence de l’action.

 

V- Conclusion

 

Nous avons été particulièrement intéressés par ce qui, dans la Maison Robinson n’est ni de l’état ni du marché (de service). Notre point de vue, valorisateur de cette approche, pourrait être considéré comme incorrect par d’autres experts ayant d’autres fondements, ou par les institutions publiques, habitués à raisonner en terme organisationnel.

 

Nous assumons notre point de vue. L’approche associative et communautaire est, pour de nombreuses raisons, indispensable dans notre société. Elle est peut-être même le socle sur lequel on devra rebâtir la cohésion sociale, ce fameux « pacte social » apparemment ébranlé.

 

La Maison Robinson développe une approche qui mérite que l’on s’y attarde, qu’on la comprenne, qu’on la soutienne. Les réponses qu’elle apporte ne sont pas simplement d’ordre méthodologique, technique ou institutionnel. Les réponses sont conçues comme un mode de socialisation des acteurs dans un territoire et correspond à un constat assez généralement fait : la déliquescence du lien social, la perte des repères, l’isolement des individus, la souffrance et la désolation de l’individualisme excessif.

 

C’est dans le lien et par le lien que l’action de la Maison Robinson se construit. Cela répond aux déterminants de la question sociale qui semblent le plus communément admis. Pour ce faire, le montage associatif est indispensable, bien qu’il fragilise l’action par la difficulté à pérenniser les subventions. Les activités et services proposés par la Maison Robinson ne sont que des supports aux liens. Voilà pourquoi une démarche qui repose sur l’établissement et le renforcement des liens est pertinente pour la question, posée à Longjumeau, des enfants isolés.

 

Le projet de la Maison Robinson repose sur des conceptions très solides, même si elles sont parfois difficiles à exprimer. Ses seules faiblesses, à notre sens, sont contextuelles et résident d’une part dans la difficulté de relation avec les institutions publiques, difficultés que nous avons analysées et qui ne sont pas toutes dues à des insuffisances des acteurs d’Intermèdes, loin de là, et d’autre part dans un moment, un virage difficile, qui est le départ d’un des piliers fondateurs. Nous sommes persuadés que l’association a les ressources pour se renforcer sur ces points. Mais cela nécessitera un travail de type plus stratégique que méthodologique ou conceptuel. Même si cela ne ravit personne, c’est un « compromis » qu’il faudra élaborer.

 

 



[1] Cf. en particulier B.AUMONT et P.M. MESNIER « l’acte d’apprendre » PUF, 1994. et A.MOAL, La pédagogie de la médiation.

[2] Une partie importante de ce chapitre repose sur le travail théorique de Maria MAÏLAT, en particulier dans sa mission d’accompagnement des REAPP. Son approche s’alimente aux travaux de Pierre LEGENDRE, de Pierre CLASTRES, de Paul AUDIE, d’Hannah ARENDT et de PLATON.

[3] Maria MAÏLAT, pour une pensée politique du parent – usager in La lettre du Grape, N° 46, déc. 2001, p. 54.