Curieuse convergence des logiques de pénalisation ou de dissuasion ,l'enfant des villes et surtout l'enfant des quartiers défavorisés est quoi qu'on en dise de plus en plus assigné à résidence, en tout cas dans son quartier et même (le plus souvent) à son domicile:
N'y a t il pas une certaine convergence (fortuite?) entre la diminution des sorties scolaires (les plans vigie pirates interdisent aux écoles et centres d'employer les transports en commun moins onéreux), l'augmentation de la répression de la fraude dans les transports en commun (y compris des bus qui dans une même ville assurent la liaison entre quartiers- on sait que les enfants sont presque toujours "fraudeurs" sur ces trajets), de l'interdiction de "stationner" dans les cages d'escalier, de circuler le soir dans les espaces publics (opérations et arrêtés couvre-feu), d'accéder à certains services municipaux comme la cantine ou le centre de loisirs si les parents (comme c'est souvent le cas) ne travaillent pas ou plus.
Chercherait on à assigner l'enfant pauvre à résidence surveillée?
Peu importe au passage que les enfants s'ennuient à l'école comme ils s'ennuient chez eux ; peu importe également que cette circulation entravée chez les enfants pauvres se trouve au même moment valorisée chez les enfants plus favorisés qui, eux, multiplient raids, séjours linguistique, Erasmus et que sais je encore ?
Peu importe que l'on reprochera aux enfants "enfermés chez eux" leur esprit de cage d'escalier, leur manque d'ouverture, de vocabulaire, de connaissance des autres, de capacité de s'adapter à d'autres modes de vie, nourritures, cultures, croyances, coutumes, etc ?
Et, comble d'ironie et ultime violence, pourquoi fallait il donc que tous ces enfants " enfermés chez eux ", bannis à domicile… soient (comme le dit Bernard) issus du monde entier ?
Bien entendu comme c'est le cas chaque fois, le phénomène social se double d'une dimension de santé publique: cette sédentarisation sélective, générale mais inégale, a des conséquences lisibles sur la santé des enfants et des jeunes: le surpoids en est un signal d'appel, mais d'autres conséquences psychologiques sont présentes.
Les réponses à développer restent à définir, mais nul doute qu'elles passeront par la nécessaire re fondation d'un ambitieux programme d'éducation populaire qui tire les conséquences des limites des anciennes pratiques et des nouveaux défis éducatifs et sociaux à relever (comme la baisse de capacité des familles à encadrer physiquement les loisirs des enfants)