Compte rendu de l'Assemblée Générale constitutive
Assemblée générale constitutive
L'Assemblée générale réunie le 19 mars 2005, à Longjumeau, a décidé :
- La création d'une association appelée INTERMEDES- Robinson
- D'en adopter les statuts et de procéder à l'élection
de son nouveau Bureau
Ainsi l'énergie considérable nécessaire pour concevoir, définir, expliquer, convaincre et aboutir à mettre en œuvre une action innovante en matière de soutien éducatif… ne suffit pas ! Il faut réfléchir aussi aux conditions de pérennisation, de diffusion et d'essaimage de ce type d'actions.
Or, il faut bien le dire, nous avons négligé là des choses ; sur le terrain, nous étions trop occupés à développer l'action elle même ou à défendre les demandes de subvention fractionnées et multiples en cours… pour travailler réellement sur ces questions.
La fermeture de la Maison Robinson rend par contre aujourd'hui la recherche sur ces questions à la fois urgente et possible.
Refonder une association INTERMEDES, dans le contexte de " l'après Robinson " suppose donc à la fois de capitaliser des expériences de permanence éducative (il n'y a pas que Robinson), d'en faire reconnaître la valeur à une époque où on semble perdre le sens même de la notion de prévention, mais aussi de contribuer à définir et réaliser la reconnaissance de telles structures et leur pérennisation.
Questions d'avenir
Les sujets d'étude, de réflexion et d'expérimentation
sur les problèmes de pérennisation ne manquent pas et d'ores
et déjà on peut prévoir de plancher sur :
o Les problèmes liés à la reconnaissance du travail de
prévention par les municipalités,
o La question d'un autofinancement même partiel des structures innovantes
dans un cadre d'économie sociale et solidaire aménagé
o Les difficultés de rendre visible un travail basé sur le quotidien
et la durée, dans un contexte de dramatisation des rapports sociaux
et institutionnels,
o Les possibilités d'émergence de petites structures, polyvalentes
et multi-publics , telles que " écoles/ ateliers ", "
structures inter-âges ".
C'est cette tâche que je propose pour une nouvelle association. Le choix de garder le nom d'Intermèdes est dicté par le souci de faire profiter cette nouvelle association de l'ensemble important des travaux, études, articles, compte rendus réalisés et conservés sur les questions de co- éducation et de permanence éducative. Il n'y aurait aucun intérêt à devoir réinventer perpétuellement la roue ! Le droit d'usage sur ce nom est par ailleurs incontestable.
Contexte 2 : Texte partiellement paru dans les ASH
du 11 mars :
" Les obstacles innombrables
à l'innovation en matière de développement éducatif
et de Prévention "
Les éducateurs, travailleurs sociaux, enseignants, animateurs ou tout
simplement citoyens sont nombreux à constater chaque jour l'urgence
et le manque de formes d'accueil adaptées aux besoins affectifs et
éducatifs des enfants et des parents d'aujourd'hui. Ils constatent
que les structures de garde et de loisirs traditionnelles marquent leurs limites
et n'arrivent à concerner que trop faiblement voire, pas du tout ceux
des enfants dont le parents semblent définitivement écartés
de la sphère du travail et d'une quelconque insertion dans la vie culturelle,
sociale et économique. Ceux là, les éducateurs, les animateurs
le savent bien, ne bénéficient pas du suivi éducatif
dont ils auraient besoin ; pire encore, dans de nombreuses villes, les enfants
sont même souvent en danger de se voir rejetés des dernières
structures collectives qu'ils fréquentent encore comme les cantines
et les garderies au motif justement que leurs parents n'ont pas d'emploi.
Dire que ces enfants, ces familles vivent en plus d'un isolement social une
grande solitude éducative est un euphémisme.
Pour répondre à de tels besoins, il n'y pas d'autres solutions
que de créer de nouveaux modes d'intervention éducative portés
par l'initiative sociale et citoyenne ; ici ou là se sont organisés,
le plus souvent dans la précarité et le manque de communication
des modes d'accueil et d'accompagnement souvent innovants et performants qui
n'ont jamais trouvé à se répandre.
Pour avoir contribué à Longjumeau, à la création
d'un tel lieu (la Maison Robinson) , il me paraît important et nécessaire
de témoigner à la fois de l'utilité et de la pertinence
des lieux d'accueil et d'éducation en milieu ouvert … mais aussi de
l'immense difficulté de parvenir à les ouvrir ou à les
faire durer.
C'est une chose connue que l'innovation sociale et éducative même
portées par des acteurs au fait des us et coutumes du secteur, est
selon la formule consacrée " un parcours du combattant ".
Ceux qui s'y sont essayés connaissent l'incroyable accumulation d'obstacles
économiques, administratifs, les soupçons d'illégitimité
de la part des institutions, les contraintes contradictoires, dignes de Kafka.
Mais cet aspect répulsif des choses pour efficace qu'il soit n'en constitue
pas moins que la partie émergée de l'iceberg. Les rares collectifs
porteurs de projets, qui auront survécu à ces épreuves
s'en préparent de bien plus difficiles encore ; le stade de la pérennisation,
la capacité pour le projet de se stabiliser, d'évoluer et de
se transmettre est d'une complexité autrement plus redoutable surtout
pour les porteurs de projets qui cherchent à travailler de façon
coopérative en dehors des institutions :
- Les réelles associations qui regroupent usagers, et acteurs sociaux,
engagées dans le développement éducatif et social, pour
être indépendantes, n'en sont pas moins fragiles ; elles ne pèsent
pas lourd dans les négociations avec les Collectivités ou les
Administrations et elles sont toujours prises en tenailles entre deux dangers
: celui de se laisser instrumentaliser par tel ou tel subventionneur (heureux
de la possibilité de leur faire jouer le rôle de complément
de ses propres services) , ou de ne pouvoir suffisamment compenser la pression
des salariés qui risquent de mettre à mal le projet initial.
- les Municipalités soutiennent souvent fort mal les interventions
de développement social et éducatif qu'elles ne peuvent pas
contrôler et qu'elles ne sauraient réaliser par elles mêmes
(cela grève d'ailleurs la question de l'opportunité de faire
des Municipalités des " chefs d'orchestre " en matière
de politique de prévention)…
- les Collectivités territoriales, même quand elles sont convaincues
du bien fondé de l'action menée et de ses méthodes peinent
à financer une action même innovante quand celle ci est uniquement
locale ; elles peinent également à trouver des modes de subventions
pérennes, ou à prendre en compte la globalité des charges
d'une telle structure quand celle ci est hors tout agrément. Si des
conventions pluri-annuelles sont parfois signées, que faire quand elles
sont en dessous des besoins réels minimaux de fonctionnement, et fragilisent
ainsi les structures ?
- Les subventionneurs privés, souvent indispensables au démarrage,
laissent un grand vide quand ils doivent se retirer, qui n'est généralement
pas pris en compte par les Institutions et collectivités.
- Les recherches perpétuelles de subventions, années après
années, au gré des appels à projets et des critères
changeants des opérations, épuisent les équipes comme
les professionnels qui s'y collent, captent et détournent un temps
énorme de l'objet du projet (un mois de travail à temps plein
pour 15 000 de subventions ? Combien pour 200 000 ?).
- La Politique de la Ville, dont un des objectifs était de simplifier
la situation des associations, notamment pour la recherche des subvnetions,
s'est montrée peu efficace du pont de vue des petites associations
porteuses d'un projet d'accompagnement global et durable vis à vis
de leur public. La multiplication des objectifs en interne, des priorités
données donne un avantage énorme aux structures déjà
bien implantées au détriment des petites actions innovantes
portées par des associations autonomes.
- La précarité de l'action insécurise les salariés
comme les responsables, et oblige à faire des économies sur
l'encadrement des équipes et la gestion des projets. Le résultat
est que les " militants " et les " salariés " débordés
chacun à leur place se retrouvent souvent en conflit sans moyen de
le gérer.
Les obstacles rencontrés par les porteurs de projets éducatifs
et de prévention sont décidément trop nombreux, trop
persistants et trop durables pour être mis sur le compte de la simple
inertie des institutions.
Il s'agit bien en réalité de choix de société
; le choix d'éduquer est aujourd'hui un choix lourdement et doublement
pénalisé, à la fois dans sa pratique professionnelle
(par des conditions d'exercice difficiles et des mises en cause nombreuses)
et du point de vue de l'innovation et de l'expérimentation. Il existe
pourtant des alternatives éducatives face au danger de la généralisation
de réponses sécuritaires et punitives à courte vue qui
ont été et qui sont expérimentées dans la difficulté;
des structures variées ont acquis des expériences précieuses,
mais elles n'ont banalement pas eu la possibilité de les faire reconnaître
et se multiplier.
Contexte 3 : article paru dans les ASH
Dans les mêmes ASH du 11/ 03, à lire, un article d'I. Sarrazin
sur le fermeture de la Maison Robinson et la difficulté de l'innovation
sociale et éducative.